27-04-2024 05:55 AM Jerusalem Timing

Pentagone: Pour défaire Daech, il faut s’y attaquer aussi en Syrie

Pentagone: Pour défaire Daech, il faut s’y attaquer aussi en Syrie

Pour le chef du Pentagone, Daech "va bien au-delà" de toute autre menace terroriste. Un ex-général US appelle à des frappes en Syrie. 12.000 takfiristes étrangers de 50 pays, dont 100 US sont allés en Syrie, selon Washington.

Daech (EI) a été "coupé dans son élan" grâce aux 90 frappes américaines dans le nord de l'Irak, mais pour en venir à bout, il faudra s'y attaquer aussi en Syrie, a estimé le chef d'état-major interarmées américain jeudi.

Les takfiristes de l’EI, qui se sont emparés depuis le 8 août de larges pans de territoires en Irak et en Syrie, "peuvent être maîtrisés puis défaits ", a également déclaré le général Martin Dempsey, lors d'une conférence de presse.

"Il faudra s'y attaquer des deux côtés de cette frontière (entre l'Irak et la Syrie) qui n'existe plus. Cela sera possible lorsque nous aurons une coalition en mesure de vaincre l'Etat islamique", a poursuivi le plus haut gradé américain.

Selon lui, si Daech parvenait à s'étendre dans toute la région et installer durablement un "califat", "le Moyen-Orient s'en retrouverait profondément changé et cela créerait un environnement sécuritaire qui nous menacerait de très nombreuses façons".

Daech "va bien au-delà" de toute autre menace terroriste

Il en est de même pour le chef du Pentagone, Chuck Hagel, qui a estimé, lors de la même conférence de presse, que l’EI va "bien au-delà" que tout autre "groupe terroriste" connu jusqu'à présent.

Daech est "plus sophistiqué et mieux financé que tout autre groupe que nous ayons connu. Il va au-delà de tout autre groupe terroriste", a déclaré Chuck Hagel lors d'une conférence de presse organisée 48 heures après la diffusion d'une vidéo montrant l'exécution de l'Américain James Foley par les takfiristes.

"Il allie idéologie (et) sophistication de son savoir-faire militaire tactique et stratégique", a-t-il ajouté.

C'est la première fois qu'un responsable de l'administration du président Barack Obama s'exprime en des termes aussi forts au sujet de l'EI, auteur d'une fulgurante avancée en Irak depuis le début du mois de juin.

Mais M. Hagel n'a pas détaillé le déroulement ni les modalités du raid organisé en juillet en Syrie pour secourir des otages américains, dont James Foley, et qui a échoué.

L'assassinat du journaliste "est un nouvel exemple de l'idéologie barbare et impitoyable" de l’EI, s'est-il contenté de dire.

Un ex-général américain appelle à des frappes en Syrie

Un ancien général américain a en outre suggéré que l'armée américaine lance sans attendre une action décisive pour "éradiquer" les takfiristes non seulement en Irak mais aussi en Syrie.

"Daech est une entité inacceptable et doit être éradiqué. Si nous reportons (notre action, ndlr), nous le paierons cher plus tard", estime l'ancien général quatre étoiles John Allen, qui a dirigé les forces américaines en Irak et la coalition de l'Otan en Afghanistan, dans le magazine en ligne Defense One.

"L'EI doit être détruit et nous devons agir vite pour faire pression sur tout son +système nerveux+, le désintégrer, et détruire ses composants", ajoute le général, qui travaille maintenant pour le centre de réflexion Brookings.

M. Allen prévient que les combattants de l'EI sont particulièrement bien financés, bien armés et présentent un degré alarmant de perspicacité sur le champ de bataille.

"L'EI peut montrer des capacités substantielles d'innovation et d'agilité sur le champ de bataille --deux qualités qui sont un luxe que nous ne pouvons pas nous payer-- alors que l'EI poursuit son offensive et consolide ses avancées", écrit-il.

La décapitation du journaliste James Foley par l'EI, confirmée mercredi, "nous montre tout ce dont ce groupe est capable", souligne-t-il.

M. Allen salue la réponse du président Barack Obama de lancer des frappes aériennes ciblées en Irak, mais estime que les frappes devraient aussi viser la Syrie voisine.

Pour le général, la frontière entre l'Irak et la Syrie n'existe plus et il est hors de question de laisser un sanctuaire ou une base arrière à l'EI.

12.000 takfiristes étrangers de 50 pays, dont 100 Américains en Syrie, selon les USA

Entre-temps, on pense au sein du gouvernement américain, que plus de 100 Américains ont fait le voyage, ou ont tenté de le faire, pour la Syrie depuis plus de trois ans.

"Nous pensons qu'il y a approximativement en Syrie 12.000 combattants d'au moins 50 pays --des combattants étrangers, y compris un petit nombre d'Américains-- qui ont pu se rendre en Syrie depuis le début du conflit" en mars 2011, a déclaré la porte-parole de la diplomatie américaine, Marie Harf.

"Ils ne sont peut-être pas tous encore là-bas", a-t-elle ajouté, sans vouloir donner de chiffre précis sur le nombre de citoyens américains engagés aux côtés des takfiristes de Daech ou d'autres groupes ultra-radicaux en Syrie.

Washington n'a toutefois pas identifié de filière de recrutement organisée pour d'éventuels takfiristes américains, comme c'est le cas dans des pays européens.

Les Etats-Unis ont exprimé publiquement au plus haut niveau leurs inquiétudes quant aux risques que représentent des takfiristes occidentaux, notamment lorsqu'ils rentrent dans leurs pays.

Le président Barack Obama doit présider fin septembre une réunion spéciale du Conseil de sécurité de l'ONU consacrée à la menace que font peser les takfiristes étrangers en Syrie et en Irak.

En visite à Sydney le 12 août, le secrétaire d'Etat John Kerry avait annoncé que Washington et l'Australie allaient saisir les Nations unies de la menace des takfiristes étrangers se battant dans les rangs de l'EI ou du Front al-Nosra en Syrie et en Irak.