28-03-2024 01:21 PM Jerusalem Timing

Les jeunes Britanniques attirés par les groupes extrémistes

Les jeunes Britanniques attirés par les groupes extrémistes

Depuis deux ans, entre 400 et 500 Britanniques se sont rendus en Syrie et en Irak et ces derniers temps.

L'apparent accent anglais du bourreau apparaissant sur une vidéo de l'Etat islamique décapitant le journaliste américain James Foley, conduit le Royaume-Uni à s'interroger sur les raisons poussant ses ressortissants à rejoindre les combattants jihadistes, notamment en Syrie et en Irak.
   
La jeune génération britannique "rencontre des difficultés pour se forger une identité, notamment dans une société mondialisée où les identités sont entremêlées", explique à l'AFP Erin Marie Saltman, chercheuse spécialisée dans le contre-terrorisme au Think tank Quilliam.
   
"Certaines personnes sont plus à l'aise dans un environnement cadré et sont donc des proies vulnérables pour ces groupes qui promettent de mourir en martyr et où vous devenez une sorte de super héros qui sauve le monde", ajoute-t-elle.
   
Parmi ces jeunes attirés par les groupes extrémistes, différentes sortes de profils se croisent.
"On trouve un très grand nombre de gangsters et de criminels qui se sont radicalisés et convertis en prison" mais également "des membres de la communauté musulmane marqués par les événements qui se déroulent à travers le monde", analyse Afzal Ashraf expert en idéologie terroriste auprès de l'institut de recherche londonien RUSI.
   
Ainsi, "pendant la guerre civile espagnole, des jeunes poètes comme Laurie Lee, Ernest Hemingway ou d'autres, se sentaient oppressés", ajoute-t-il.
 Et de faire le parallèle avec "les Musulmans qui sont oppressés par les gouvernements occidentaux".
 
Désillusion une fois sur place
   
Les Britanniques qui décident de s'engager dans les rangs des extrémistes ont une idée en tête: "être aux avant-postes du conflit" et non pas "occuper la place du passager arrière", explique Shiraz Maher, du Centre international d'études sur la radicalisation (ICSR) au King's College à Londres.
 
Mais une fois arrivés parmi les combattants de l'Etat islamique (EI), la réalité est toute autre et ce sont les seconds rôles qui leur sont accordés comme "ceux de kamikazes ou de gardiens", précise Afzal Ashraf, soulignant que l'EI ne "leur fait pas confiance et qu'ils ne savent pas parler arabe."
   

Ce mois-ci, c'est Muhammad Hamidur Rahman, un ancien employé britannique de la marque de vêtement à bas prix Primark, âgé de 25 ans, qui a perdu la vie en combattant pour l'EI.
   
S'il était avéré que le bourreau à l'accent anglais, apparu dans la vidéo de l'EI, qui a décapité le journaliste américain, est un ressortissant britannique, cela est un choix qui n'étonne pas Erin Marie Saltman.
 

"C'est une décision plus que délibérée. (...) Quand nous voyons un individu qui a grandi dans ce que nous considérons être une société démocratique, et bien cela nous touche davantage", décrypte-t-elle.
   
La crainte de la menace islamiste sur le sol britannique est apparue en mai 2013 lorsque le soldat Lee Rigby a été sauvagement abattu en plein jour dans une rue de Londres par deux Britanniques d'origine nigériane, convertis à l'Islam.
   
Depuis deux ans, entre 400 et 500 Britanniques se sont rendus en Syrie et en Irak et ces derniers temps, certains publient "leurs exploits" sur les réseaux sociaux.
   
Madhi Hassan, 19 ans a ainsi posté une photo de lui sur Twitter où il apparait dans un supermarché un pot de Nutella à la main expliquant que "ses futurs collègues ne manqueraient de rien".
   
Abdel-Majed Abdel Bary, originaire de l'ouest londonien, a lui publié une photo morbide où il pose avec une tête décapitée. La légende indique en jargon : "Moment de détente avec mon pote, ou ce qu'il reste de lui".
   
Même si le recrutement se fait en grande partie sur les réseaux sociaux, les groupes extrémistes parviennent aussi à attirer des Britanniques via le "monde réel".
 "Il y a un mois je vous aurais dit que le nombre de combattants en provenance du Royaume-Uni allait diminuer mais les gens ont envie d'adhérer à une cause gagnante. L'EI est désormais perçue comme telle", explique Saltman.
   
Cette année la police britannique a procédé à un nombre record de 69 arrestations de personnes soupçonnées d'être parties se battre en Syrie, selon le décompte de la BBC, contre 24 en 2013.