25-04-2024 02:17 PM Jerusalem Timing

La Turquie paie le plus lourd tribut à la guerre syrienne

La Turquie paie le plus lourd tribut à la guerre syrienne

Pas un jour ne passe sans que des incidents n’opposent les citoyens turcs aux réfugiés syriens.

Le problème des déplacés syriens frappe tous les pays de la région, dont la Turquie qui fut parmi les premiers pays à avoir ouvert ses portes avant même le début du flux des réfugiés syriens.

La raison de cet accueil serait avant tout une politique turque pour faire pression sur les autorités syriennes et provoquer ensuite la chute du régime, estime le journaliste turc Morad Yetkin au journal Radikal.

Mais, « trois ans après, le président Bachar el-Assad est toujours au pouvoir et n’a pas été renversé », indique-t-il.

Accusant Erdogan d’avoir traité la question des réfugiés avec une tendance confessionnelle, le journaliste rappelle comment Erdogan a qualifié les 35 civils turcs tués dans l’explosion de Reyhanli le 11 mai 2013 de « nos citoyens sunnites ».

L’année 2013 a connu de multiples tensions entre les réfugiés syriens et les citoyens turcs. Alors que le ministre turc des Affaires étrangères Ahmad Davutoglu avait déclaré que son pays ne pouvait supporter plus de 100 mille réfugiés syriens, le nombre de ceux-ci dépasse actuellement les 1 million 300 mille. Dans la capitale turque seulement, se trouvent plus de 300 mille, alors que le nombre des réfugiés dans les camps ne dépasse pas les 200 mille, répartis sur 22 camps dans dix provinces.

Les réfugiés constituent 2% de la population turque. Pas un jour ne passe sans que des incidents n’opposent les citoyens turcs aux réfugiés syriens. Des incidents qui comprennent des assauts contre des magasins loués ou dirigés par des Syriens.

Les Turcs se plaignent du manque d’emploi à cause de la concurrence de réfugiés syriens. Les Turcs se plaignent aussi du bruit et du chaos dus aux réfugiés. Ce qui a favorisé la formation d’une police de réfugiés syriens pour instaurer l’ordre.

Par ailleurs, les Turcs craignent l’infiltration d’un grand nombre de miliciens de l’Etat islamique en Irak et au Levant (EI). Le journaliste Sami Cohen avertit dans le journal Milliyet que les réfugiés syriens ne rentreront pas prochainement en Syrie à cause des maisons détruites. Donc, la Turquie doit s’apprêter à un long séjour de Syriens sur le sol turc, avec tout ce que ceci pose comme risques et problèmes.

Selon Cohen, le prix des dépenses sur les réfugiés a atteint, selon les chiffres officiels, près de 3.5 milliards de dollars. Et de souligner que l’animosité et la haine régit désormais la relation entre les citoyens turcs et les réfugiés syriens.

Le journaliste turc a appelé le gouvernement turc à choisir entre la politique d’intégration des réfugiés ou celle de les donner le statut de hôtes, ajoutant que les deux choix sont difficiles et que ce prix est l’une des factures payées par la Turquie à cause de la crise syrienne et les tentatives d’Erdogan de renverser Assad.

De son côté, le journal Radikal a mis en garde contre la manifestation organisée par le groupe « Taqwa » à Istanbul, au cours de laquelle les participants ont prêté allégeance au chef de l’EI, le calife Aboubakr Baghdadi. Ce qui constitue un signe dangereux sur ce qui attend la Turquie dans l’avenir, surtout que le nombre des combattants turcs en Syrie atteint les 3000 personnes, dont un mille dans les rangs de l’EI.

La crise syrienne frappe l’économie turque. Le déplacement de l’EI de la Syrie vers l’Irak et son contrôle de Mossoul et d’autres régions irakiennes a provoqué la crise de la prise en otage de diplomates turcs. De plus, le mouvement des camions turcs vers l’Irak a reculé de 70%. Le commerce avec l’Irak, estimé à 12 Milliards de dollars a reculé de 35% après l’invasion de l’EI de l’Irak.

Aujourd’hui, les Turcs voient d’un mauvais œil la coopération militaire commune entre les forces du parti des travailleurs kurde en Turquie et en Syrie avec les forces de Peshmergas dirigées par Massoud Barzani. Ce qui irrite les Turcs qui soutiennent l’EI dans la guerre contre les combattants du parti de l’union démocratique kurde en Syrie, alliés du travailliste kurde. Les Turcs craignent que ces développements ne portent en eux des changements dans la nature des alliances et des équations.  

 Traduit du site assafir