29-03-2024 04:26 AM Jerusalem Timing

Gaza : l’Amérique latine en pointe dans la condamnation d’"Israël"

Gaza : l’Amérique latine en pointe dans la condamnation d’

Les Sud-Américains pensent : "Quelqu’un (leur) marche dessus, et personne ne fait rien", résume-t-elle, percevant dans la région "une posture contre l’impérialisme" qui serait symbolisée par le conflit israélo-palestinien.




"Israël" déclaré Etat terroriste, rappels d'ambassadeurs, mobilisations populaires, : l'Amérique latine est aux avants-postes de la condamnation de la meurtrière agression militaire israélienne menée dans la bande de Gaza et offre un inédit soutien quasiment
unanime aux Palestiniens.
   
"Je ne me souviens d'une autre situation similaire où tous (les pays de la région) aient réagi pratiquement comme un bloc", souligne  Reginaldo Nasser, du département de Politique de l'Université pontificale de Sao Paulo, au Brésil.
   
Parmi les dernières prises de position, celle du président de la Bolivie Evo Morales, l'une des principales figures de la gauche latino-américaine, est la plus symbolique : il a placé mercredi l'entité sioniste sur une liste "des Etats terroristes", supprimant un accord d'exemption de visa entre les deux pays.
   
Avant M. Morales, la brésilienne Dilma Rousseff avait qualifié de "massacre" l'offensive de l'entité sioniste, récusant toutefois le terme de "génocide" employé par exemple par un député du parti socialiste au pouvoir au Venezuela, dont le président Nicolas Maduro a fustigé "une guerre d'extermination menée depuis presque un siècle" à l'encontre du peuple palestinien.
   
Signe de crispation entre le Brésil et l'entité sioniste, la décision de Mme Rousseff la semaine dernière de rappeler pour consultations son ambassadeur à Tel Aviv lui avait valu le sobriquet de "nain diplomatique" attribué par un porte-parole de la diplomatie israélienne.
   
Toute la région a condamné la violence des opérations israéliennes, demandé un cessez-le-feu et la reprise des négociations entre belligérants, mais à l'instar du Brésil, le Pérou, l'Equateur, le Chili ou le Salvador ont rappelé pour consultations leurs ambassadeurs en "Israël".
   
De même que le Costa Rica, l'Argentine, qui compte la plus importante communauté juive de la région, a quant à elle convoqué au ministère des Affaires étrangères l'ambassadrice de l'entité sioniste.
   
Jeudi, le président uruguayen Jose Mujica a demandé "un retrait immédiat des troupes" israéliennes de Gaza et envisagé de rappeler son représentant à Tel Aviv.
   
En réaction, le porte-parole du ministère israélien des Affaires étrangères, Yigal Palmor, a exprimé mercredi "sa profonde déception",
considérant que ces décisions constituaient "un encouragement" pour le Hamas.
   
D'autres pays  ont rompu depuis plusieurs années déjà leurs relations diplomatiques avec l'entité sioniste, comme le Nicaragua en
2010, Venezuela et la Bolivie en 2009, après une précédente opération meurtrière à Gaza, ou Cuba, en 1973, après la guerre du Kippour.
   
Seule voix discordante à ce jour, la Colombie, dirigée par le président de centre-droit Juan Manuel Santos, qui a écarté tout rappel de son représentant diplomatique à Tel Aviv.
   
 
 
Les gouvernements suivent les peuples

   
Lui-même surpris par cette quasi unanimité diplomatique, Reginaldo Nasser se risque à formuler "quelques hypothèses".
   
"En premier lieu, un pays faisant aujourd'hui une déclaration contre Israël ne sera plus considéré comme un hors des normes internationales", souligne-t-il.
   
Pour expliquer les mobilisations populaires pro-palestiniennes plus importantes en Europe et en Amérique latine que dans les pays arabes, il estime que "la question palestinienne représente (pour la région) un sujet historique de relations asymétriques avec le pouvoir".
 
Enfin, la dimension anti-américaine, souvent sous-sous-jacente dans le sous-continent : "La relation d'Israël avec les Etats-Unis est rejetée dans la région, et cela conduit à une certaine identification", assure-t-il.
   
Mais les réactions officielles emboîtent le pas aux mobilisations populaires, rappelle de son côté Ismene Ithai Bras, de la faculté de Sciences politiques et sociales de l'Université autonome du Mexique (UNAM).
   
Ces dernières semaines, plusieurs manifestations se sont effectivement déroulées de Mexico à Santiago du Chili, réunissant parfois plusieurs milliers de personnes, en soutien au peuple palestinien.
   
Pour Mme Bras, "il s'agit d'une identification avec la douleur, d'un sentiment de solidarité avec ce qui se passe en Amérique latine", où le sentiment d'oppression est très répandu.
   
Les Sud-Américains pensent : "Quelqu'un (leur) marche dessus, et personne ne fait rien", résume-t-elle, percevant dans la région "une posture contre l'impérialisme" qui serait symbolisée par le conflit israélo-palestinien.