25-04-2024 01:53 PM Jerusalem Timing

Une nouvelle architecture financière lancée par les Brics

Une nouvelle architecture financière lancée par les Brics

la banque des Brics: un outil très puissant car il pose le premier pilier pour un nouveau système financier au moment où certains pays émergents donnent des signes d’essoufflement..




Les puissances émergentes des Brics ont créé mardi leur propre banque et un fonds de réserves, posant la première pierre d'une nouvelle architecture financière face à l'hégémonie occidentale, au cours de leur sixième sommet annuel au Brésil.
   
Réunis dans la station balnéaire de Fortaleza (nord-est), les dirigeants du Brésil, de Russie, d'Inde, de Chine et d'Afrique du Sud ont surmonté leurs divergences pour s'accorder sur les modalités de ces institutions, qui constituaient un serpent de mer depuis plusieurs années.
   
"Nous avons pris la décision historique de créer la banque des Brics et un accord de réserves, c'est une contribution importante pour la reconfiguration de la gouvernance économique mondiale", s'est félicitée la présidente brésilienne, Dilma Rousseff.
   
Cette nouvelle banque, dont le siège sera à Shanghaï et qui est destinée à financer les grands travaux d'infrastructures, sera dotée d'un capital initial de 50 milliards de dollars, apporté à part égales par ses membres, avec une force de frappe potentielle de 100 milliards.
   
L'accord sur les réserves permettra d'éviter "les pressions à court terme sur les liquidités", de "promouvoir une plus grande coopération" au sein des Brics et de "renforcer la sécurité financière globale", précise la déclaration finale du sommet.
   
Le fonds de réserves sera abondé à hauteur de 41 milliards par la Chine, 18 milliards par la Russie, le Brésil et l'Inde, et cinq par l'Afrique du Sud.
   
Les Brics, qui représentent 40% de la population et un cinquième du PIB de la planète, n'avaient jusqu'ici pas réussi à s'entendre sur ce double projet visant à faire contrepoids à la Banque mondiale et au Fonds monétaire international (FMI), où ils s'estiment mal représentés.
   
La question du siège avait notamment compliqué les négociations, le président sud-africain Jacob Zuma ayant insisté jusqu'au bout pour Johannesburg, alors que la Russie penchait pour Shanghaï, au risque de froisser l'Inde, inquiète d'une domination chinoise.
   
Pour ménager New Dehli, il a été annoncé, dans un subtil dosage, que le premier président de la banque serait indien.
   
 
 Un 'outil très puissant'

   
Cette annonce d'un nouveau système financier survient au moment où certains pays émergents donnent des signes d'essoufflement, avec une prévision de croissance de seulement 1% au Brésil ou en Russie.
   
Le président russe Vladimir Poutine, qui accueillera en juillet 2015 le prochain sommet des Brics, a salué l'accord de Fortaleza, y voyant un "outil très puissant pour prévenir de nouvelles difficultés économiques".
   
Son homologue chinois Xi Jinping a évoqué une "association solide", réaffirmant la nécessité d'"augmenter la représentativité et la voix des pays en développement", alors que les Brics dénoncent régulièrement la lenteur de la réforme du FMI censée leur apporter davantage de droits de vote.
   
Appelant la banque à "combattre la pauvreté", le Premier ministre indien, le nationaliste hindou Narendra Modi, très attendu pour sa première grande sortie internationale, a pour sa part exhorté ses partenaires à parler d'une "voix unie et claire pour un monde pacifique, stable et équilibré".
   
"L'établissement d'une nouvelle banque de développement est un pas important pour donner aux Brics une colonne vertébrale",  estime  l'analyste brésilien Marcos Troyjo, directeur du "BRICLab", un centre de recherche de l'université américaine de Columbia.
   
Ce nouveau système n'est "pas dessiné pour concurrencer les institutionstraditionnelles" mais "a pour but de jouer un rôle complémentaire aux institutions basées à Washington", précise cet expert.
   
Parallèlement à cette volonté d'autonomie financière, le rendez-vous des Brics leur a aussi donné l'occasion de faire entendre leur voix sur le plan diplomatique, en pleine explosion de la crise ukrainienne.
   
Dans la déclaration finale, les pays émergents ont exprimé leur "vive préoccupation" et lancé un appel pour un "dialogue mutuel" et la "désescalade du conflit", un message apprécié par M. Poutine, confronté aux sanctions occidentales pour son soutien aux séparatistes prorusses.
   
Selon Mme Rousseff, ils ont aussi déploré le "manque de progrès concrets" au Moyen-Orient.
   
Après Fortaleza, les dirigeants des Brics se rendront mercredi à Brasilia pour des rencontres avec des chefs d'Etat sud-américains, suivies jeudi d'un sommet entre la Chine et l'Amérique latine, signe de l'intérêt de Pékin qui a consacré à cette région près de 20% de ses investissements l'an dernier.