26-04-2024 10:44 AM Jerusalem Timing

France: Sarkozy mis en examen, son retour en politique s’éloigne

France: Sarkozy mis en examen, son retour en politique s’éloigne

Il est soupçonné de délits liés à la corruption et au trafic d’influence

Les espoirs d'un rapide retour en politique de l'ancien président français Nicolas Sarkozy ont été douchés dans la nuit de mardi à mercredi par sa mise en examen pour corruption active, alors qu'il est sous la menace d'autres affaires judiciaires.
  
Cette inculpation survient au moment où les rumeurs sur sa volonté de prendre à l'automne la tête du parti de droite UMP dans la perspective de la présidentielle de 2017 se font de plus en plus précises.
  
Malgré sa défaite contre le socialiste François Hollande en 2012, Nicolas Sarkozy, 59 ans, restait convaincu de pouvoir revenir au premier plan en "sauveur" de la France.
  
Mais après environ 15 heures de garde à vue dans les locaux de l'office anticorruption - une première pour un ancien chef de l'Etat - Nicolas Sarkozy a été mis en examen pour recel de violation du secret professionnel, corruption et trafic d'influence actifs. Il n'est pas soumis à un contrôle judiciaire.
  
La corruption et le trafic d'influence sont des délits passibles de peines pouvant aller jusqu'à dix ans de prison.
  
Dans la même procédure deux autres personnes ont été inculpées: son avocat Thierry Herzog et un avocat général à la Cour de Cassation, Gilbert Azibert.
"Cette situation est grave, les faits sont graves (...) Et puis cela concerne des magistrats, de hauts magistrats, un avocat, un ancien président de la République", a déclaré le Premier ministre socialiste Manuel Valls sur BFM TV/RMC. "Mais moi comme chef du gouvernement, je dois m'en tenir au respect des principes" d'indépendance de la justice et de présomption d'innocence, a-t-il ajouté.
  
Si certains sarkozystes ont dénoncé un "acharnement totalement disproportionné", les ténors de droite sont restés prudents. L'ancien Premier ministre Alain Juppé, autre prétendant virtuel à la présidentielle de 2017, a souhaité jeudi sur son compte Twitter que l'"innocence" de Nicolas Sarkozy soit démontrée par la justice.
 
 'Assumer devant les Français'
  
Les juges d'instruction cherchent à établir si l'ancien président (2007-2012) a essayé d'obtenir des informations couvertes par le secret auprès de M. Azibert sur une décision de justice le concernant, en échange de la promesse d'une intervention pour un poste de prestige à Monaco.
  
A l'origine de cette affaire, le placement sur écoutes de l'ancien président en septembre 2013 dans l'enquête sur les accusations, pour l'heure non étayées, d'un financement par la Libye de Mouammar Kadhafi de sa campagne victorieuse de 2007.
  
Dans ce dossier libyen, plusieurs de ses proches avaient d'abord été placés sur écoute: les anciens ministres Claude Guéant et Brice Hortefeux, mais aussi Michel Gaudin, ancien patron de la police nationale.
  
Ce dernier, devenu directeur de cabinet de Nicolas Sarkozy après la défaite de 2012, entretient au printemps 2013 plusieurs conversations qui interpellent les enquêteurs. Il semble vouloir, en vain, se renseigner sur l'enquête libyenne auprès d'un responsable policier.
  
Les juges décident alors - une décision sans précédent connu en France - de placer à son tour l'ex-président sur écoute, en particulier le téléphone qu'il utilise sous l'identité d'emprunt de Paul Bismuth pour converser avec Me Herzog.
  
Or, des échanges entre les deux hommes peuvent laisser croire qu'ils ont cherché à obtenir des informations confidentielles auprès de Gilbert Azibert.
 "Ces faits ne reposent que sur des écoutes que nous contestons et dont la légalité sera fortement combattue (...) Nous allons nous battre", a promis le conseil de Thierry Herzog, Me Paul-Albert Iweins.


"Nicolas Sarkozy traîne derrière lui des affaires, comme le putois la mauvaise odeur", a ironisé le député du Front national (extrême droite) et avocat Gilbert Collard, pour qui l'ancien président est "définitivement discrédité par les affaires".
"S'il souhaite encore revenir en politique et même reconquérir le pouvoir, Nicolas Sarkozy va devoir assumer devant les Français ce que les enquêtes ont révélé", juge le quotidien de gauche Libération.

Les obstacles judiciaires se multiplient ainsi sur la route d'un retour de Nicolas Sarkozy en politique. En un an, il a perdu quinze points auprès des Français de droite à qui on demande qui ils préfèrent comme candidat à la présidentielle. Il est passé de 66% à 50%.
 
Outre les dossiers de financement libyen et de trafic d'influence, le parquet de Paris a confié à des juges financiers une enquête sur le financement de la campagne de 2012 de Nicolas Sarkozy.
 

Ses meetings semblent avoir été en grande partie financés par l'UMP afin de masquer un dépassement du plafond des dépenses de campagne autorisé par la loi.