28-03-2024 08:53 PM Jerusalem Timing

L’Arabie saoudite, principal soutien de l’EIIL

L’Arabie saoudite, principal soutien de l’EIIL

Un faisceau d’indices montre que malgré ses dénégations et ses démentis, l’Arabie saoudite constitue l’un des plus forts soutiens de "l’Etat islamique en Irak et au Levant".

Début mars, l'Arabie saoudite a publié une liste des organisations terroristes comportant, entre autres, le nom de «l'Etat islamique en Irak et au Levant» (EIIL, ou Daech).

Cette mesure ne dédouane pas le royaume wahhabite, qui constitue la principale source de soutien aux groupes extrémistes qui sévissent en Irak, en Syrie et dans le reste du monde.

Un faisceau d'indices montre que malgré ses dénégations et ses démentis, l'Arabie saoudite constitue l'un des plus forts soutiens de «l'Etat islamique en Irak et au Levant», qui est l'une des organisations terroristes les plus sanguinaires de tous les temps, responsable de crimes abominables en Irak et en Syrie.

Sur le plan idéologique d'abord, les thèses défendues par l'EIIL s'inspirent du wahhabisme, qui est la doctrine religieuse officielle du royaume.

Aussi bien aux niveaux des règles régissant la société que des relations avec les autres, notamment les minorités, l'EIIL épouse les théories des cheikhs wahhabites, dont beaucoup de fatwas rétrogrades (décrets religieux) sont allègrement appliquées par les chefs religieux de l'organisation.

Cette convergence idéologique explique le fait que la plupart des réseaux de financement de Daech se trouvent ou prennent leur source en Arabie saoudite, plus particulièrement dans les cercles religieux les plus rigoristes.

Forts d'une expérience de plusieurs décennies, les Saoudiens sont passés maitres dans les montages financiers occultes, qui permettent de faire parvenir des sommes d'argent, parfois exorbitantes, aux quatre coins du monde, en passant par des réseaux parallèles, qu'il est difficile d'identifier.

L'EIIL dispose de moyens financiers tellement importants que dans certaines régions d'Irak, les habitants les appellent les «enfouisseurs», c'est-à-dire ceux qui enfouissent l'argent dans le sable du désert.

Les liens militaires et politiques tissés par Daech en Irak mènent aussi vers l'Arabie saoudite. L'organisation s'est en effet alliée à l'ancien bras droit de Saddam Hussein, Ezzat Ibrahim al-Douri, qui a rassemblé ex-bassistes et anciens officiers au sein de l'«Armée Nakchebandite», très active aux côtés des miliciens de l'EIIL. Or dans ses derniers messages, Ezzat al-Douri s'est explicitement aligné sur la politique régionale saoudienne.

Dans un enregistrement vidéo, diffusé en avril 2012, l'ancien adjoint de Saddam Hussein a rendu un vibrant hommage au roi Abdallah d'Arabie saoudite. Dans une autre interview, accordée au «Ahram al-Arabi», il y a quelques mois, al-Douri a estimé que «le royaume est la forteresse de la résistance face à tous les complots dirigés contre l'identité et l'existence de la nation».

Il a salué les «positions honorables de l'Arabie saoudite à l'égard de la révolution du peuple syrien, de Bahreïn, du Golfe en général et du peuple irakien et de sa révolution en particulier».

 Il a en outre identifié l'Iran comme étant le «principal ennemi», et le «danger le plus imminent» et a rejeté les accusations de «terrorisme» lancées contre ceux qui combattent le gouvernement irakien, les qualifiant plutôt de «révolutionnaires», la même terminologie que celle utilisée aujourd'hui par les médias saoudiens pour évoquer l'EIIL et les autres groupes actifs sur le terrain.

Il s'agit donc d'un alignement total sur la politique saoudienne dans tous les dossiers régionaux.

Convergences d'intérêts politiques

Sur un plan politique, les derniers développements dramatiques en Irak servent, à court terme, les intérêts saoudiens, même si, à plus long terme, ils peuvent provoquer une vaste déstabilisation, qui pourrait s'étendre aux monarchies du Golfe.

Mais les stratégies de Riyad ne s'inscrivent jamais dans le temps. Il s'agit surtout de réactions, souvent impulsives, exclusivement motivées par le souci de protéger le règne de la famille Saoud, même s'il faut pour cela «soutenir des groupes extrémistes», comme le signale Simon Henderson, directeur du «programme du Golfe» au Washington Institute for Near East Studies, dans un texte publié le 14 juin.

Henderson inscrit «la bataille de l'Irak» dans le cadre de «la guerre saoudienne contre l'Iran». Selon lui, «les événements en Irak offrent au roi saoudien Abdallah Ben Abdel Aziz une nouvelle opportunité d'asséner un revers à l'Iran, après son échec à renverser le président syrien Bachar al-Assad».

Cette analyse est corroborée par de nombreux indices. Le 22 avril dernier, l'ancien chef des services de renseignements saoudiens, le prince Turki al-Fayçal, déclarait dans une conférence sur la sécurité régionale organisée à Bahreïn, que les prochaines élections en Irak provoqueraient «la partition du pays».

En outre, Riyad, et avec lui les autres monarchies du Golfe et la Turquie, ont assuré une couverture politique à l'assaut de l'EIIL, d'abord et passant sous silence les crimes commis par l'organisation, ensuite, en faisant assumer à Nouri al-Maliki l'entière responsabilité de la crise.

Certes, le gouvernement irakien a commis des erreurs graves, mais rien ne peut justifier les massacres perpétrés par l'EIIL et la destruction du pays.

Des Saoudiens dans l'EIIL

L'indice le plus matériel du soutien apporté par le royaume wahhabite à Daech est la forte présence de citoyens saoudiens à tous les échelons de cette organisation. Les Saoudiens occupent, en effet, des postes de responsabilité militaire et religieuse, et ils représentent une partie importante des combattants étrangers.

Les informations en provenance d'Irak font état de la mort de nombreux Saoudiens dans les derniers combats, dont un officier des «Forces du bouclier de la péninsule».

Par ailleurs, les médias irakiens ont annoncé la capture de plusieurs Saoudiens dans la province de Ziquar, dans le sud du pays.

Les vidéos postées par Daech sur Youtube montrent, d'autre part, des combattants ayant un fort accent saoudien, tandis que les réseaux sociaux grouillent de récits sur les faits d'armes des «jihadistes» saoudiens dans les provinces de de Ninive et de Salaheddine.

A cet égard, la députée irakienne, Zeinab Wahid Salmane, a dénoncé le rôle de l'Arabie saoudite qui tente, selon elle, de «rééditer en Irak les mêmes méthodes destructrices qu'elle a mises en œuvre en Syrie».

 

Samer Zougheib

Source : French.alahednews