19-04-2024 02:57 PM Jerusalem Timing

Elections dans le sang, les Syriens ont bravé les menaces de l’opposition et Cie

Elections dans le sang, les Syriens ont bravé les menaces de l’opposition et Cie

Apparemment agacé, comment l’AFP a rapporté les faits de cette journée pour la dénigrer et brossé le portrait de Bachar al-Assad pour lui ternir son image.

Il fallait beaucoup de courage pour les Syriens (les loyalistes au moins)  pour participer aux présidentielles en ce 3 juin 2014.  
Entre les obus et les missiles, les bombonnes de gaz et les voitures piégées promis et tirés par l’opposition pro occidentale, ils ont dû jouer au chat et la souris, avec la mort,  pour exercer un droit qui leur était interdit.

De longues files d’électeurs qui se sont présentés devant les 9.600 différents bureaux de vote installés dans les régions contrôlées par les forces régulières où résident près de 60% de la population syrienne .  

Dans la version de l’AFP, il est écrit :

((Dès l'ouverture des bureaux de vote à 07H00 locales (04H00 GMT), de longues files d'attente se sont formées notamment à Damas et à Homs (centre).  Mobilisées, les télévisions d'Etat montraient des images d'une forte affluence de votants qui, dans leur majorité, ne prenaient pas la peine de se rendre dans l'isoloir et cochaient devant les caméras la case sous la photo de M. Assad avant de déposer leur bulletin dans l'urne.  
   "J'ai voté pour le président, naturellement", affirme Nadia Hazim, 40 ans, dans un bureau à Damas. Comme d'autres, Hind al-Homsi, 46 ans, s'est même fait une petite coupure au doigt pour "voter avec son sang pour le président qui est le meilleur".
 "Nous votons pour montrer au monde entier que c'est le peuple qui choisit son chef", affirme Saleh Ali Mayyassa, 50 ans. Sur la centaine de personnes qui y ont voté, tous ont choisi Bachar al-Assad, pour un troisième mandat de 7 ans.
   Dans Alep, la métropole du Nord divisée en secteurs pro et anti-pouvoir, il y avait aussi une grande affluence, selon la télévision d'Etat. "Nous espérons que cette journée s'écoulera sans victimes", a dit le gouverneur Wahid Akkad.))

Mobilisation sécuritaire

Pour sécuriser le scrutin, face aux menaces de pilonnage des régions qui participent au vote, proférées par les milices rebelles, l’armée syrienne était en forte mobilisation. Son aviation a gardé sous haute pression les rebelles en pilonnant leurs positions à Jobar, dans la Ghouta orientale et à Darayya, au sud-ouest de la capitale, ainsi que dans la province de Deir Ezzor, à Deraa, Hama et à Alep.

Malgré les mesures sécuritaires, un attentat suicide a eu lieu dans la région de Mazzé à Damas et des obus ont été tirés sur plus de dix de ses quartiers. L’OSDH  s’est chargé de les signaler au détail près.  ( les quartiers de Douailaa, Qassaa, Bab Touma, Adaoui, Qoussour, Malki, Baramké, Mazzé et la place des Omeyyades). Jamais cette organisation n'a fait un étalage pareil. Serait-ce pour un souci de dissuasion

Il y a eu des martyrs dans la banlieue résistante de Germana, selon le site libanais d’infos al-Hadath News. Ce quartier qui a refusé dès le début de la crise de permettre aux miliciens de l’ASL et du Front al-Nosra de passer à travers lui pour attaquer Damas, en dépit des attentats suicide perpétrés contre lui  à la voiture piégée.

Même scénario à Alep où des dizaines d’obus se sont aussi abattus sur ses quartiers loyalistes :  Jamiliyyé, Manchiyyé, Hmadaniyyé, Achrafiyyé...

Quelques heures avant le lancement du scrutin, dans l’après-midi de lundi, la ville d’Alep a été  le théâtre d’une énorme explosion qui a provoqué un séisme de 7 secondes, rapporte le site Tahtel mijhar (qui se présente comme étant un site arabo américain mais consacre une place primordiale à couvrir les évènements du gouvernorat d’Alep). L’explosion est due à des tonnes d’explosifs qui ont été détonés dans des tunnels entre Boustane Bacha (contrôlé par les miliciens) et Midane (loyaliste). L’attaque qui se devait en principe de permettre aux miliciens de prendre le contrôle du bâtiment des forces de sécurité à Midane s’est finalement soldée par un échec.

Selon le site d’information libanais al-Hadath news, des obus se sont même abattus sur la ville côtière de Lattaquié et sur le village d’origine du président syrien Bachar al-Assad Kardaha.  
 
Des urnes à l’aéroport, à la frontière

Et pour contrer les obstacles dressés par les pays qui soutiennent l’insurrection en interdisant aux Syriens de voter dans leurs ambassades, les autorités syriennes ont installé des urnes dans l’enceinte de l’aéroport international de Damas.

Entre autre ont atterri 4 avions transportant des centaines de syriens en provenance du Koweït. Selon la télévision pan arabe al-Mayadeen, ce sont des hommes d’affaire qui ont financé ces voyages électoraux.

Des urnes ont également été déposées au passage frontalier avec le Liban,  Jdeidet Yabous, pour permettre aux réfugiés syriens au Liban de s’y rendre. Sachant que le ministre libanais de l’intérieur et responsable du courant du Futur Nouhad Machnouk avait promulgué une décision pour les dissuader de voter, les avertissant qu’ils seraient déchus de leur statut de réfugié s’ils se rendaient en Syrie. Finalement, à la frontière, les forces de sécurité libanaises ont accordé aux ressortissants syriens des visas d’un jour qui leur permettent de rester en Syrie pendant 24 heures.

4.000 Syriens sont arrivés, ce matin, à Homs, après avoir traversé la frontière du Liban, afin de prendre part aux élections présidentielles », a annoncé le gouverneur de Homs selon l’agence de presse libanaise ANI. Un chiffre limité aux premières heures de la journée.  

Dans le même temps, l’agence iranienne Irib a rapporté que des salafistes libanais ont tenté d’empêcher à tout prix les ressortissants syriens de regagner leur pays pour prendre part aux élections, en bloquant le point de passage « Al-Baghia », à Wadi Khaled.

 

Des rumeurs sans arrêt

Au même rythme des menaces sécuritaires, une campagne forcenée était menée par les rebelles et leurs alliés, ainsi que les agences internationales qui ont mis de côté le peu de partialité qui leur restait et se sont comportés comme des medias les plus engagés.

Cette campagne où se mélangeaient menaces, désinformation et dénigrement s’est poursuivie à coup de martèlement et de matraquage médiatique jusqu’à la dernière minute.

Quelques heures avant l’ouverture des bureaux de vote, une rumeur a circulé dans les réseaux sociaux selon laquelle les électeurs pouvaient voter via internet, ou que les rues étaient coupées entre les villes syriennes et leurs provinces, ou que les autorités syriennes allaient trouer leur cartes d’identité ce qui permettrait aux instances internationales d’identifier les votants et de les priver des dons accordés aux réfugiés.

 

La farce, la farce, la farce...

 

L’agence française AFP qui a fait sienne la version du gouvernement français a accordé une bonne partie de ses dépêches sur la Syrie pour dénigrer le scrutin. Relayant entre autre tout le mot d’ordre persiflé contre lui aussi bien par les dirigeants de l’insurrection que par leurs alliés occidentaux en particulier.

Le  terme « farce » a été répété ces derniers jours des dizaines de fois : «  Ce scrutin, dénoncé comme une "farce" par l'opposition et ses alliés occidentaux et arabes qui assistent impuissants à une réélection de M. Assad, est organisé dans les régions sous contrôle du régime alors que le pays est à feu et à sang », a répété encore une fois l’agence dans un papier de ce mardi.

Apparemment agacée par les files de votants, l’agence évoque «  une ambiance surréelle à Damas »  : « files d'attente devant les bureaux de vote installés par le pouvoir, chants et danses dans la rue à la gloire de M. Assad, bruit des explosions et des tirs d'obus dont plusieurs sont tombés dans la capitale et intense survol de l'armée de l'air ».

Quant aux deux autres candidats, dans tous les papiers de l’AFP, ils ont été taxés des dizaines de fois « comme des faire-valoir à M. Assad »,  

Assad : Les apparences trompeuses

 

Mais c’est le portait que l’AFP brosse au président syrien qui reflète l’agacement par derrière, surtout que son apparence occidental risque de sensibiliser une bonne part de l’opinion publique.

Alors qu’il votait en compagnie de son épouse, il est présenté comme étant «  imperturbable et décontracté,..., qui s'est dit maintes fois déterminé à en finir avec les rebelles assimilés à des "terroristes" ».

Ne laissant rien au hasard, un spécial papier a été rédigé spécialement pour  amortir l’effet de son apparence « courtoise, timide ». Le tout pour induire à un caractère trompeur et perfide.

Le ton de l’article est d’ailleurs donné dans  son titre « Bachar al-Assad, autocrate à l'apparence courtoise ».

« Physiquement, Bachar al-Assad, 48 ans, ne correspond pas à l'image que l'on se fait d'un dictateur au Proche-Orient, comme c'était le cas en Irak avec Saddam Hussein, ou en Libye avec Mouammar Kadhafi. Tous deux avaient des traits durs et une allure sévère », est écrit dans le portrait.

 

Et lorsque l’article s’arrête sur sa détermination, en disant :

((  Au cours de la guerre civile qui a fait plus 162.000 morts, déplacé près de la moitié de la population et transformé une partie du pays en champ de ruines, son caractère intraitable s'est affirmé.
   Homme élancé, aux yeux bleus et à la fine moustache, il affiche derrière son sourire une détermination inébranlable et une volonté implacable d'écraser la rébellion qu'il assimile à des "groupes terroristes manipulés" par l'étranger.
   Chef du Baas, au pouvoir depuis un demi-siècle, il veut présenter la révolte contre son régime comme un complot ourdi par l'Occident et les pays du Golfe pour briser la "chaîne de la résistance" contre Israël, dont il affirme être un maillon.
   "Après trois ans de guerre, il n'a pas pris une seule ride et pas un cheveu blanc car il est sûr d'être dans son bon droit et qu'il gagnera", insiste un homme d'affaires syrien très proche du pouvoir.))

Une approche qui  lui incombe à lui seul les destructions en Syrie, le présente comme une nouvelle version hitlérienne, qui croit à la théorie du complot et que rien ne peut ébranler.

 

Et lorsque l’article de l’AFP évoque la campagne électorale, il rapporte ((les photos diffusées pour sa campagne –qui- montrent le président faire du vélo en jeans et T-shirt comme n'importe quel bobo occidental et son fils aîné le prendre en photo au restaurant....)) pour conclure aussi qu’ (( il rejette d'un revers de main les accusations de l'ONU sur sa responsabilité dans des "crimes contre l'humanité et de crime de guerre", alors que les ONG évoquent massacres, torture et des dizaines de milliers de prisonniers »)).

 

Occultant de rappeler que l’ONU a même accusé les rebelles syriens de crimes de guerre et contre l’humanité, l’auteur de ce papier ne voulait que faire prévaloir ce qu’il considère être  un caractère perfide de Bachar al-Assad qui n’a rien à voir avec son apparence courtoise et timide.

 

Al-Jarba : perfidie apparente

 

 Il est vrai que cette apparence fait gravement défaut à celui qui aurait du le remplacer, en l’occurrence le chef actuel de la coalition Ahmad al-Jarba.

D’ailleurs peu d’agences internationales ont rapporté les propos que ce dernier a tenus lundi, pour dissuader les électeurs syriens de se rendre aux urnes.

« Le régime syrien qui a l’habitude de baigner dans le sang prépare pour le jour du referendum une série d’explosions et de pilonnages des lieux de rassemblements et des présumés bureaux de vote », a-t-il dit, selon l’agence de presse Asia News.

Un mensonge aussi flagrant qu’abruti, qui illustre que les défauts du favori  des monarchies arabes et des puissances occidentales ne se bornent pas à sa perfidie apparente.