26-04-2024 10:00 AM Jerusalem Timing

Pourquoi le front al-Nosra a enlevé le chef du Conseil militaire de Deraa ?

Pourquoi le front al-Nosra a enlevé le chef du Conseil militaire de Deraa ?

Des miliciens étrangers commencent à rentrer chez eux. Dissension au sein de l’Armée des moudjahidines

« Le prendre en déjeuner avant qu’il ne nous prenne en dîner », ce dicton arabe pourrait expliquer la raison pour laquelle la branche d’Al-Qaïda en Syrie le front al-Nosra a enlevé à Deraa au sud de la Syrie le chef d’une milice rebelle, Ahmad Nehmeh et 5 de ses hommes.

Nehmeh n’est certes pas n’importe qui : il commandait le « Conseil militaire » lequel détient sur le terrain plusieurs milices en action. Depuis plus d’un an et demi qu’il est désigné à ce poste, il entretenait de bonnes relations avec al-Nosra. Qu’est ce qui a pu amener cette dernière à l’enlever et a le taxer  de « traitre ».

«  Les indices se multipliaient ces derniers jours sur l’intention du Conseil militaire sous la direction du traitre Ahmed Nehmeh de vouloir combattre le front al-Nosra », a indiqué une source proche du front al-Nosra pour le journal Assafir.
Selon lui, le front est persuadé que la formation du Front des révolutionnaires du sud de la Syrie n’est qu’une démarche première qui vise à lui déclarer la guerre.

En effet, le kidnapping de Nehmeh est intervenu quelques heures après son annonce de la formation de ce front qui regroupe plusieurs milices, avec la coordination de la Coalition de l’opposition et de l’insurrection.
Auparavant, le Nosra avait publié un communiqué dans lequel il a mis en garde toutes les brigades de rejoindre ce Front, faute de quoi elles  ne seront pas à l’abri d’être pourchassées et punies par « les lions du front al-Nosra ».

Sans tarder, deux milices « Bataillon des chevaliers de Hourane » et « Brigade de l’attachement à Dieu » ayant figuré dans la liste du front des révolutionnaires ont directement annoncé n’entretenir aucun lien avec lui.

Le rôle des renseignements jordaniens

Or, selon la source qui s’est confiée pour Assafir,  Nehmeh n’a pu prendre une telle décision tout seul, sans avoir obtenu au préalable un feu vert de la part des services de renseignements jordaniens. « Ils  l’ont désigné à ce poste pour servir leur agenda », argue-t-elle.

S’agissant des raisons pour lesquelles la Jordanie a décidé de combattre le Nosra, la source explique : « les exploits réalisés ces dernières semaines  par le front al-Nosra et qui ont permis aux moudjahidines sur le terrain d’avancer et de s’emparer de régions stratégiques que ce soit à Quneitra ou à Deraa ou suscité les craintes des renseignements jordaniens ... ».

A noter que les relations entre les renseignements jordaniens et les « jihadistes » ne sont pas de nouvelle date. Le journal libanais rappelle à cet égard les liens étroits qu’ils entretenaient avec le père spirituel des jihadistes, le palestinien Abdallah Azzam. Ils l’ont soutenu durant l’occupation de l’Afghanistan par les Soviétiques, lui ont envoyé des armes et des hommes, et le qualifiaient même de « moujahid pour la liberté ».

Une fois sa mission accomplie, il a été tué. Les services jordaniens sont en tête des suspects dans son assassinat.

Il semble que c’est le même processus qui est suivi avec le front al-Nosra qui a été généreusement soutenu par Amman aussi bien militairement qu’en hommes. Il est devenu une menace depuis qu’il s’est emparé durant les dernières batailles d’un dépôt d’armements de l’armée syrienne dans la province est de Quneitra,  ce qui lui donne un avantage à l’Armée syrienne libre.

La mission de Nehmeh consistait à empêcher ce renforcement des milices islamistes et à contrôler la province ouest de Deraa qui sépare la province de Quneitra de la ville de Deraa, pour empêcher le Nosra d’ouvrir la province de Quneitra  celle de Deraa.

Il n’a pas eu le temps de la réaliser. Il se trouve désormais séquestré dans le camp de Yarmouk, fief du front al-Nosra et pourrait d’un jour à l’autre être exécuté. Cette milice d’Al-Qaïda semble avoir tiré les leçons de ses prédécesseurs, et ne s’est pas laissé tromper.  
La situation au sud de la Syrie risque d’être explosive.  
 
Les miliciens partent
 
Au nord de la Syrie, les miliciens étrangers commencent à rentrer chez eux, en passant par la Turquie. C’est ce qu’assurent des sources jihadistes citées par le site d’information al-Hadath News. La raison de ce retour n’est autre que les défaites qu’ils ont essuyées sur plusieurs fronts syriens, dans le Qalamoune, à Homs, dans la Ghouta orientale.

Mais ce sont surtout les échecs qu’ils ont subis à l’est d’Alep qui leur tiennent particulièrement à cœur, d’autant que l’armée syrienne ne vas pas tarder à débloquer le siège imposé à la prison centrale d’Alep, qui fait l’objet d’attaques incessantes depuis plus d’un. Sa sécurisation permettra aux forces gouvernementales de poursuivre vers l’hôpital Kindi occupé par les miliciens du front Islamique et du front al-Nosra et transformé en leur quartier général.   

Dissension au sein des milices

En même temps, l’Armée des moujahidines, principale milice combattant au nord de la Syrie aux côtés du front al-Nosra et du front islamique a fait l’objet d’une dissension dans ses rangs.

L’une de ses brigades « Noureddine Zenki » a décidé de la quitter. C’est le journal libanais al-akhbar qui a publié cette information qu’il a dit tenir d’une source « jihadiste » qui n’a pas précisé les raisons de cette désertion.
Sachant que lors du conflit qui a éclaté entre ces milices d’un côté et la milice de l’Etat islamique en Irak et au Levant de l’autre, cette brigade a émis des réserves et semblait plutôt pencher vers cette dernière.