26-04-2024 01:30 AM Jerusalem Timing

Les raisons de la présence de Joe Biden à Kiev

Les raisons de la présence de Joe Biden à Kiev

En règle générale, les visites de Joe Biden à l’étranger ne sont pas liées à des actions retentissantes ou à des affaires concrètes. L’exemple de l’Ukraine met bien cela en relief

Le vice-président des Etats-Unis Joe Biden, arrivé hier en visite de travail à Kiev, tient aujourd'hui des rencontres avec l'administration d'Arseni Iatseniouk et le président par intérim Alexandre Tourtchinov. M. Biden a passé la fin de soirée du 21 avril à l'ambassade des Etats-Unis où il a été mis au courant de la situation en Ukraine.

La visite ne promet rien d'extraordinaire. Les experts la qualifient de geste symbolique en soutien des autorités de Kiev. Les conseillers de M. Biden, connaissant son imprévisibilité, espèrent qu'il ne promettra à Kiev rien d'irréalisable.

La seule chose que l’on peut dire, c’est que pendant la visite de 48 heures du vice-président américain, l'Est de l'Ukraine, au moins pendant deux jours, vivra calmement, sans provocations des combattants du Praviy sektor néo-nazi kiévien. Il est peu probable qu'on les autorise à tirer pendant cette visite.

En règle générale, les visites de Joe Biden à l'étranger ne sont pas liées à des actions retentissantes ou à des affaires concrètes. L'exemple de l'Ukraine met bien cela en relief. Ici, la stratégie des Etats-Unis est définie par le département d'Etat, les problèmes concrets sont confiés à la CIA et l'ambassade américaine en Ukraine s'occupe de la direction sur place. Il faut y ajouter des dizaines de conseillers de la CIA dans le Service de sécurité d'Ukraine. Notons que sous le pouvoir ukrainien précédent, le contre-espionnage soupçonnait pendant ces dix dernières années l'ex-directeur du Service de sécurité Valentine Nalivaïtchenko d'être un agent à la solde de la CIA.

Le vice-président américain a la fonction d'administrer des « injections de vitamine » aux alliés pas tout à fait adéquats. Ainsi, en 2009, il s'est rendu en Géorgie pour tranquilliser Mikhaïl Saakachvili après la guerre du Caucase de 2008 que ce dernier avait déclenchée.

Le ministre des Affaires étrangères de Russie Sergueï Lavrov a déclaré que Kiev et Washington torpillaient la réalisation des accords de Genève du 17 avril concernant l'Ukraine. « Ceux qui se sont emparés du pouvoir à Kiev violent grossièrement les accords de Genève», a-t-il déclaré.

« Nous sommes vivement préoccupés par le fait qu'au lieu de prendre conscience de la responsabilité pour les événements en cours, les autorités de Kiev et leurs protecteurs (c'est-à-dire ceux qui les ont conduites au pouvoir, notamment les Etats-Unis et des pays ouest-européens) tentent d'accuser de tous les maux la Fédération de Russie, inventent des arguments incroyables et déclarent que la présence dans la région des conflits et des heurts d'une immense quantité d'armes russes constitue une preuve d'implication russe dans les processus en question. C'est un argument ridicule parce qu'il n'y avait là-bas aucune autre arme que des armes russes. Cependant c'est quelque chose de nouveau de voir récemment à la télévision que des armes américaines ont été découvertes chez les groupes armés, illégaux d'autant plus que ces armes appartenaient à des groupes illégaux et non pas à des unités de l'armée ukrainienne ».

Officiellement, Joe Biden évoquera la situation dans l'Est, l'exécution des accords de Genève, la sécurité énergétique, la situation économique et les élections présidentielles à venir. Il annoncera même un paquet d'aide à Kiev. Washington est disposé à transférer à Kiev des technologies permettant d'augmenter l'extraction du gaz naturel et du gaz provenant de sources non traditionnelles. Cependant il n'est pas question d'argent.

Dans une interview accordée le 22 avril à CNN, la secrétaire d'Etat adjointe chargée de l'Europe Victoria Nuland a communiqué que les Etats-Unis avaient projeté depuis longtemps et avaient réalisé une « opération Ukraine ». Elle a avoué que depuis 1991, Washington avait dépensé 5 milliards de dollars pour installer en Ukraine « un gouvernement démocratique fort ». En février dernier, l'Ukraine a enfin vu instauré un cabinet désigné par Maïdan. Récemment, Arseni Iatseniouk a exigé que les Etats-Unis « honorent leurs promesses » et accordent à Kiev un « soutien réel » en argent et en armes. A la veille de la visite de Joe Biden, la NBC a demandé à M. Iatseniouk ce qu'il aurait voulu demander au vice-président américain. La réponse du premier ministre de Kiev ressemblait aux plaintes d'un enfant qui n'a pas reçu les cadeaux promis.

« Il nous faut un Etat fort. Il nous faut un soutien financier et économique. Il nous faut réarmer complètement l'armée. Il faut moderniser complètement nos forces de sécurité et nos forces armées. Nous avons besoin d'un soutien réel ».

Il serait cependant naïf de croire que la visite de M. Biden est une « procédure cosmétique » visant à soutenir les autorités illégitimes ayant perdu le prestige et le contrôle sur le pays. Ainsi, un représentant de l'administration accompagnant Joe Biden a communiqué aux journalistes qu'une équipe d'experts américains était présente en Ukraine pour s'occuper des « livraisons réversives » du gaz naturel russe. Les experts américains travailleront à Kiev, mais aussi en Slovaquie et en Hongrie. Selon les calculs effectués à Washington, grâce à ces livraisons réversives, l'Ukraine pourra se doter d'une certaine réserve de gaz. Des spécialistes américains seront également envoyés en Ukraine pour distribuer les emprunts étrangers destinés à Kiev. Les Etats-Unis ne risquent pas de confier ces emprunts aux autorités de Kiev pour qu'ils ne soient pas une nouvelle fois gaspillés