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La crise se poursuit : qu’est-ce qui ruine la France aujourd’hui


La crise se poursuit : qu’est-ce qui ruine la France aujourd’hui

En ce qui concerne la baisse de chômage, cela n‘améliore que fictivement. Après, cela s’aggravera bien entendu.

Dans son livre publié en 2011 Ces mythes qui ruinent la France Alain Mathieu, docteur ès sciences économiques et président de l’association Contribuables Associés nous en cite une bonne trentaine. Parmi « ces mensonges économiques véhiculés par les politiques ou les médias » on trouve l’idée que « la relance par la consommation assure la croissance » ou celle de stéréotypes imposés comme « notre modèle social protège les pauvres », ainsi que « les fonctionnaires ne sont pas des privilégiés. »

L’auteur a tristement constaté que l ‘Hexagone n‘a eu qu‘une seule bataille à gagner depuis trente ans, celle des prélèvements obligatoires : si l’Allemagne n’a que 55 taxes obligatoires, la France en a plusieurs centaines. Le niveau du PIB par habitant est cinq fois plus bas que dans les pays voisins, les entreprises nouveau-nées ont une vie trop courte, la courbe du chômage est en hausse plus au moins constante depuis les années 1970. Nous avons prié Alain Mathieu de dresser le bilan économique de la première année du quinquennat de François Hollande et de répondre à la question essentielle qui préoccupe tous les français : comment faire pour échapper à ce déclin.

Alain Mathieu. С‘est difficile à dire. Ce qui est sûr c‘est qu‘il faut faire des reformes importants en France. Tous les organismes internationaux que ce soit la Commission européenne, CDE et FMI disent tous qu‘il y a des réformes importantes à faire en France et qui ne sont pas faites. Quand on compare avec l‘Allemagne on aperçoit qu’il y a 11 % du PIB des dépenses publiques supplémentaires en France par rapport à l‘Allemagne dont la moitié sont les frais personnels des fonctionnaires et des retraités. Tout cela sont les charges très lourdes qui pèsent sur les entreprises françaises puisque le prélèvement des entreprises françaises représente 6 % de PIB, quelques fois de plus que les entreprises allemandes. Et c‘est vraiment un grand problème qui est dû à un manque de contrôle des dépenses publiques. L‘année prochaine, par exemple, nous avons 22 milliards comme montant de la hausse des prélèvements obligatoires. Les plus touchés sont les ménages, à 17,2 milliards d’euros.

LVdlR. Selon vous quelles réformes sont nécessaires pour changer la situation ?

Alain Mathieu. Si on prend le problème le plus important qui est la rémunération des fonctionnaires il faut noter que le nombre des fonctionnaires en France et en Allemagne est différant – il y en a beaucoup plus en France et ils travaillent moins puisqu‘ils sont à 35 heures par semaine tandis qu‘en Allemagne c‘est 41 heures. Pour les enseignants c‘est encore beaucoup plus. En Allemagne ils ont le temps plein de présence en école et en France dans le secondaire ils ont une obligation de présence pour 16 ou 18h par semaine. En faisant les dépenses pour l‘éducation en France sont beaucoup plus importantes à l’égalité de nombre d‘élèves. Il y a aussi les retraites qui sont très différentes : les retraites des fonctionnaires sont à 70 % beaucoup plus élevées que celles du secteur privé. Tout cela peut être corrigé pendant quelques années si on adaptait par exemple les mêmes 41 heures qu‘en Allemagne ou bien les horaires de présence des enseignants. Mais c‘est très difficile de faire pour le gouvernement socialiste français parce que la bonne partie de ses électeurs sont dans le secteur public et notamment dans l’enseignement ainsi que le grand nombre de ses ministres. Donc ils ont beaucoup de mal à faire ces reformes que tous les pays voisins ont réussi à faire et que tous les instituts internationaux nous conseillent de faire.

LVdlR. La baisse de la courbe du chômage en août, ce qui constituait l'un des engagements les plus spectaculaires de François Hollande, a fait parler de la reprise en France. Partagez-vous cet optimisme ?

Alain Mathieu. C‘est vrai que la France donne toujours préférence à son secteur public en négligeant le secteur privé qui est une vache à lait pour faire vivre le secteur public. Et c’est pas François Hollande qui a très envie de changer cela. En ce qui concerne la baisse de chômage, cela n‘améliore que fictivement. Après, cela s’aggravera bien entendu. Pour que le chômage baisse significativement dans l‘avenir il faut créer un grand nombre des emplois dans le secteur privé. Et cela n‘est pas le cas. Les entreprises se ferment aujourd‘hui et le nombre de chômeurs accroît. Plus généralement, si l’économie ne se dégrade pas plus que prévu, ce sont plus de 160.000 emplois qui disparaîtront cette année, contre près de 100.000 en 2012.