25-04-2024 08:19 PM Jerusalem Timing

Syrie: près de 100 mds USD de préjudice causé par la guerre

Syrie: près de 100 mds USD de préjudice causé par la guerre

Fatwa pour manger de la viande de chiens, lait perimé, les enfants dans les zones conflictuelles tenus par les rebelles sont affamés.

 

Le préjudice financier causé à la Syrie par le conflit armé qui se poursuit depuis mars 2011 s'élève à près de 100 milliards de dollars, a déclaré mardi le vice-président syrien pour les questions économiques Qadri Jamil à la chaîne de télévision Rossiya 24.

"Les pertes s'élèvent, je pense, à 100 milliards de dollars. Ce montant peut varier dans les limites de 10%, car il n'a pas encore été calculé définitivement. Le PIB a chuté de 30% au bas mot sinon davantage", a indiqué M. Jamil.

Le premier ministre Wael al-Halki avait auparavant affirmé qu'au cours des 30 derniers mois, les groupes armés de l'opposition avaient causé aux secteurs public et privé un préjudice de 16,5 milliards de dollars.

Selon M. Jamil, avant de résoudre les problèmes économiques, il faut d'abord normaliser la situation politique.

L'industrie pétrolière - principale source de recettes budgétaires en Syrie - ne fonctionne plus, a souligné le vice-premier ministre.

"A l'heure actuelle, la production de pétrole est nulle. Et ce, non pas suite à l'embargo, mais en raison de la situation militaire grave qui prévaut dans les régions pétrolières", a constaté M. Jamil.


Pas d'Adha pour les enfants syriens dans les zones conflictuelles

Dans certaines banlieues du pays en guerre, comme à Mouadamiyat al-Cham (au sud-ouest de Damas), des enfants sont morts de malnutrition, selon une ONG, et un cheikh affirme avoir émis un décret religieux pour permettre aux civils de manger de la viande de chats et de chiens.
  
Alors que l'Aïd al-Adha (fête du Sacrifice) est l'occasion d'offrir des cadeaux aux enfants et de partager un repas familial, dans les régions tenues par les miliciens islamistes aux portes de Damas, il n'y a plus rien à manger, disent les militants.
  
"Bien sûr qu'ici, les enfants ne fêtent pas l'Aïd", lance l'un d'eux se faisant appeler Abou Malek, à Mouadamiyat al-Cham. "Pour eux, ce sera fête quand ils auront devant eux un plat de riz ou de boulghour".
  
"Nous n'avons plus de provisions. Tout le monde plante des graines dans les jardins ou en bord de route", ajoute le jeune homme, joint via Skype.
  
"Les pires cas, ce sont les enfants, car ils ont besoin d'une bonne alimentation. Les adultes peuvent survivre avec n'importe quoi sous la dent!" affirme Rami Abdel Rahmane, directeur de l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).


Boire du lait périmé

Fin août, l'OSDH a fait état du décès de deux enfants, l'un de trois ans et l'autre de sept, atteints de "marasme nutritionnel", une maladie qui touche les personnes ayant des carences alimentaires.
  
De nombreuses vidéos choquantes ont circulé sur internet, montrant des enfants vraisemblablement atteints de malnutrition.
  
Dans l'une d'elles apparaît un garçon étendu sur un brancard, pâle, les joues et les entrailles saillantes et les yeux cernés. Une autre montre une fillette avec deux bébés, lançant un appel pour leur faire parvenir du lait.
  
"La route est fermée...qu'allons nous faire? nous leur donnons du lait périmé", lance la petite fille alors que pleurent les nourrissons.
  
Certains ont eu plus de chance. La Croix rouge internationale et le Croissant rouge syrien ont évacué 3.500 civils -enfants, femmes et hommes âgés- de Mouadamiyat al-Cham le week-end dernier, sous la protection  des autorités syriennes  Les humanitaires n'ont pas pu cependant y entrer pour évacuer les blessés.
  
"Il y en a beaucoup plus, y compris des enfants, qui restent à l'intérieur de la ville", selon Magne Barth, chef de la délégation du CICR.
  
  
Fatwa pour manger de la viande de chiens

Dans les autres régions conflictuelles, la situation n'est point meilleure.
  
"A chaque fois que je suis dans une salle d'urgence, quatre patients sur 10 sont des enfants mal nourris", indique Abou Mohammad, un médecin qui travaille dans une clinique de fortune à Marj, à l'est de Damas.
  
"Beaucoup d'enfants ont une pression artérielle basse, sont atteints d'épuisement, de vertige et le nombre de leurs globules blancs a chuté", ajoute-t-il. "C'est tellement frustrant de ne pas avoir les équipements nécessaires pour les aider".
  
A Yarmouk, le grand camp de réfugiés palestiniens dans le sud de Damas où vivent également des Syriens, "rien, pas même du pain ou de la farine, ne passe à l'intérieur depuis 96 jours", affirme un militant se présentant sous le nom d'Ali Abou Khaled.
  
Dans un autre secteur de la région, un cheikh, Saleh al-Khatib, affirme qu'un homme au bord du désespoir a même mangé de la viande de chien.
  
"Nous avons lancé une fatwa autorisant les gens à manger de la viande de chats et de chiens, non pas parce que c'est halal (permis) mais parce que la réalité nous l'impose", dit-il .
  
Depuis neuf jours, il a cessé de manger. "Les gens n'ont rien à donner à manger à leurs enfants et je garde ainsi de la nourriture pour les autres".