20-04-2024 12:58 AM Jerusalem Timing

Reprise des négociations israélo-palestiniennes sur fond de profondes divisions

Reprise des négociations israélo-palestiniennes sur fond de profondes divisions

"C’est un pas en avant prometteur, même s’il faudra travailler dur et que des choix difficiles devront être effectués à l’avenir"

 

Les Etats-Unis ont indiqué dans la nuit de Lundi  que les Israéliens et les Palestiniens étaient tombés d'accord pour négocier durant au moins neuf mois, à quelques heures de la reprise de leurs pourparlers directs à Washington. "Il s'agit du début de négociations directes sur un calendrier d'au moins neuf mois", a déclaré la porte-parole du département d'Etat Jennifer Psaki, précisant qu'il ne s'agissait pas d'une "date-butoir".

Par ailleurs, la ministre de la Justice israélienne Tzipi Livni, émissaire de son pays pour les négociations israélo-palestiniennes, a prédit des pourparlers "très difficiles", insistant toutefois sur le fait qu'ils étaient nécessaires. "Cela va être très difficile et problématique", a-t-elle déclaré à des journalistes, après avoir rencontré à New York le secrétaire général des Nations unies Ban Ki-moon et avant son départ pour Washington.

"Le plus dur reste à venir dans ces négociations, et j'espère que tant les Israéliens que les Palestiniens aborderont ces discussions de bonne foi, avec détermination et une attention soutenue", a déclaré de son côté Barack Obama dans un communiqué. "C'est un pas en avant prometteur, même s'il faudra travailler dur et que des choix difficiles devront être effectués à l'avenir", a estimé le président américain.

Enfin, le secrétaire d'Etat américain John Kerry a nommé lundi l'ancien ambassadeur en "Israël" Martin Indyk comme émissaire spécial pour les négociations. Âgé de 62 ans, Martin Indyk avait été ambassadeur en Israël à deux reprises, de 1995 à 1997 puis de 2000 à 2001. Il était l'un des conseillers du président Bill Clinton durant les négociations de Camp David. Il était jusqu'à présent l'un des experts réputés du centre de recherches Brookings Institution.

Plus tôt dans la journée, le gouvernement israélien a approuvé la libération de prisonniers palestiniens, selon la radio publique. Le conseil des ministres a adopté un texte prévoyant la libération de 104 prisonniers palestiniens détenus en "Israël", par 13 votes pour, 7 votes contre et 2 absentions, a indiqué la radio.

"Le gouvernement a approuvé l'ouverture de négociations diplomatiques entre Israël et les Palestiniens et (...) la formation d'un comité ministériel en charge de la libération de prisonniers palestiniens dans le cadre des négociations", a indiqué un communiqué du bureau du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, précisant que ce dernier présiderait le comité.

Par ailleurs, les autorités israèliennes ont décidé de libérer un certin nombre de détenus palestiniens : les services de Netanyahu n'ont pas précisé le nombre ni l'identité des prisonniers qui seraient libérés. L'Autorité palestinienne a immédiatement salué la décision israélienne.

"Nous saluons la décision du gouvernement israélien de relâcher les prisonniers qui ont été arrêtés avant les accords d'Oslo (en 1993, NDLR). Nous estimons qu'il s'agit d'une étape importante et espérons pouvoir saisir l'opportunité fournie par les efforts de l'administration américaine pour parvenir à un accord de paix durable et juste", a déclaré le négociateur palestinien Saëb Erakat.


Le feu vert du cabinet israélien est intervenu après plusieurs heures de délibérations en raison de l'opposition farouche aux libérations de prisonniers exprimée par plusieurs ministres, se faisant l'écho d'une bonne partie de l'opinion publique israélienne.

Les noms des prisonniers n'ont pas été officiellement rendus publics, mais la liste inclurait des "meurtriers de femmes et d'enfants israéliens ainsi que des détenus ayant tué des Palestiniens soupçonnés d'avoir collaboré avec "Israël", selon les médias.

"Il y a des moments où on doit prendre des décisions difficiles pour le bien du pays et c'est un de ces moments", a dit Netanyahu aux ministres au début de la réunion, selon son bureau.

Selon Almagor, une association représentant des victimes israéliennes des attentats palestiniens, la liste comprendrait aussi des détenus de droit commun.

Qadura Fares, chef du Club des prisonniers palestiniens, qui défend les droits des Palestiniens détenus en "Israël", avait assuré dimanche avant le vote qu'il n'y aurait aucune négociation avec l'entité sioniste sans la libération des 104 détenus.

"S'ils ne les libèrent pas tous, il n'y aura pas de négociations", avait-il dit à la radio publique israélienne.

Avant d'approuver la libération de prisonniers palestiniens, le Conseil des ministres avait adopté un projet de loi prévoyant un référendum en cas d'accord de paix avec les Palestiniens.

Selon un communiqué de ses services, Netanyahu a jugé "important que, pour de telles décisions historiques, chaque citoyen vote directement".

Le gouvernement a indiqué qu'il demanderait au Parlement de se prononcer rapidement sur ce texte. Selon les médias, il pourrait être présenté cette semaine pour une première lecture.

Le référendum deviendrait ainsi la dernière étape nécessaire pour entériner un éventuel accord de paix, après l'approbation du gouvernement puis celle du Parlement.

Ce projet de loi est vu comme un geste envers les ministres de droite qui appréhendent les concessions pouvant être demandées à l'entité sioniste lors des négociations. Ils craignent la cession de territoires sous contrôle israélien, comme Jérusalem-Est, sur une simple décision du cabinet, alors que nombre d'Israéliens y sont opposés.

Des responsables américains seront présents aux négociations qui seront dirigées côté palestinien par le négociateur en chef Saëb Erakat et côté israélien par la ministre de la Justice Tzipi Livni. Selon les médias israéliens, TzipiLivni sera accompagnée par Yitzhak Molcho, l'émissaire personnel de Netanyahu.

A l'issue de son sixième voyage dans la région, le secrétaire d'Etat américain John Kerry avait annoncé la semaine dernière un accord pour une reprise prochaine des pourparlers de paix gelés depuis septembre 2010.

Les dernières négociations de paix avaient rapidement tourné court en raison de la poursuite de la colonisation israélienne à Jérusalem-Est et en Cisjordanie.