27-04-2024 07:24 AM Jerusalem Timing

L’Egypte sous tension avant des manifestations pro et anti-Morsi

L’Egypte sous tension avant des manifestations pro et
anti-Morsi

L’appel à manifester le 30 juin, date anniversaire de l’investiture de Mohamed Morsi, a été lancé par Tamarrod.

 

La tension est croissante en Egypte à l'approche d'une
importante manifestation contre le président Mohamed Morsi prévue dimanche,
dans un pays profondément divisé entre opposants et soutiens du chef de l'Etat
un an après son accession au pouvoir.

Plusieurs partis islamistes ont quant à eux appelé à une
manifestation "à durée indéterminée" dès vendredi, sur le thème de la
"légitimité" de Morsi.

   La tenue de ce
rassemblement, deux jours avant celui de l'opposition, fait redouter une
détérioration accrue du climat politique, propice à de nouvelles violences.

   L'appel à
manifester le 30 juin, date anniversaire de l'investiture de Mohamed Morsi, a
été lancé par Tamarrod (rébellion, en arabe), un mouvement populaire créé en
avril pour demander le départ du président.

   Tamarrod a pu
s'appuyer sur l'ambiance délétère qui règne dans le pays, en proie à une
profonde crise économique, à une montée de l'insécurité et à des tensions
confessionnelles pour rassembler de nombreux soutiens.

   Cette campagne
anti-Morsi affirme avoir réuni 15 millions de signatures demandant la tenue
d'une élection présidentielle anticipée.

   Les opposants
reprochent au président, élu un peu plus d'un an après la chute de Moubarak, de
concentrer le pouvoir entre les mains des islamistes et de ne pas s'atteler aux
revendications démocratiques qui avaient déclenché la révolution en 2011.

   Aux demandes de
plus de liberté et de justice sociale s'ajoutent les craintes face à un
quotidien de plus en plus difficile, marqué par les coupures de courant, le
chômage et l'inflation croissants, ou encore les pénuries d'essence.

   Depuis
l'élection de Mohamed Morsi, premier civil à accéder à la présidence, la
tension n'a jamais été aussi grande en Egypte, pays le plus peuplé du monde
arabe.

   Mercredi, dans
un discours télévisé, le chef de l'Etat a appelé à la réforme et au dialogue
tout en lançant une mise en garde estimant que les divisions menaçaient le pays
de "paralysie" et de "chaos".

   Il a annoncé
qu'un comité allait étudier la possibilité d'amender la

Constitution.   La
Constitution a été au coeur d'une bataille acharnée entre les partisans de Morsi
et ses opposants, qui jugent le texte non représentatif de tous les Egyptiens
et l'accusent d'ouvrir la voie à une islamisation accrue de la législation.

   "Tous les
mouvements et partis politiques sont invités à proposer leurs suggestions
d'amendements", a affirmé le président.

   Dans le même
temps, de nouveaux heurts opposaient pro et anti-Morsi dans le nord du pays
faisant un mort et 237 blessés à Mansoura (nord).

   Au Caire,
certains habitants retiraient de l'argent liquide et stockaient de la
nourriture en prévision de possibles troubles.

   De nombreuses
entreprises ont annoncé qu'elles seraient fermées dimanche, jour de la
manifestation et début de la semaine en Egypte. Pour la même raison, des écoles
ont avancé la date des vacances d'été.

   De longues files
d'attente -il faut parfois plusieurs heures avant de pouvoir faire le plein- se
sont formées devant les stations-service, rendant l'atmosphère encore plus
pesante.

   Manifestation
des pro-Morsi vendredi 

  
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   Ancien cadre des
Frères musulmans, mouvement interdit mais toléré dans les faits sous Hosni
Moubarak, Mohamed Morsi peut compter sur le soutien de nombreux partisans qui
estiment qu'il lutte contre la corruption au sein des institutions
égyptiennes. 

   Selon eux, toute
remise en cause du pouvoir du président est une atteinte à la démocratie,
celui-ci ayant été élu lors d'un scrutin libre et ouvert.

   En toile de fond
des tensions en Egypte, l'armée est sortie de son silence dimanche pour
annoncer qu'elle interviendrait en cas de violences.

   "Les forces
armées ont le devoir d'intervenir pour empêcher l'Egypte de plonger dans un
tunnel sombre de conflits et de troubles", a prévenu le ministre de la
Défense égyptien.

   Ces déclarations
rappellent l'influence de l'armée en Egypte, dont tous les présidents avant Morsi
étaient issus, et qui a gouverné le pays pendant plus d'un an après la chute de
Hosni Moubarak.

   La présidence a
tenté de minimiser la portée de son message expliquant qu'il "reflète le
rôle naturel de l'armée".

   "Toute
décision prise au sein de l'armée est coordonnée avec le président (qui) est le
commandant suprême de l'armée", a assuré un porte-parole de la présidence,
Ihab Fahmy.

   La réputation de
l'armée a été entachée en Egypte par les troubles et les violations des droits
de l'Homme qui ont eu lieu lorsqu'elle tenait les rênes du pays après le départ
de Moubarak.

   De nombreux
Egyptiens estiment toutefois aujourd'hui qu'elle pourrait être un recours pour
sortir le pays de la crise.