23-04-2024 03:14 PM Jerusalem Timing

Sayed Nasrallah : « Nous sommes prêts à recevoir toute sorte d’armes syriennes »

Sayed Nasrallah : « Nous sommes prêts à recevoir toute sorte d’armes syriennes »

"Et nous aiderons la résistance populaire dans le Golan contre Israël"

Le secrétaire général du Hezbollah Sayed Hassan Nasrallah a déploré la faiblesse du régime arabe officiel qui permet à l'ennemi sioniste de profiter des opportunités pour imposer de nouvelles équations sur le terrain, notamment en Palestine. S'exprimant à l'occasion du 25ème anniversaire du lancement de la radio de la résistance islamique AnNour, Sayed Nasrallah a accusé les pays du printemps arabe de se comporter avec la cause palestinienne comme si elle était un fardeau historique et de faire de la division confessionnelle et des tueries leur priorité. Il a par ailleurs mis en garde contre la reconnaissance de l’Etat juif d’Israël et a appelé le peuple palestinien à miser seulement sur les pays et les parties qui soutiennent sa cause depuis des dizaines d’années.

Sur la Syrie, le chef de la résistance libanaise a salué la position officielle syrienne sage, calme et rationnelle suite à l’agression israélienne, assurant que le pouvoir en Syrie a su répondre aux messages sionistes en annonçant un soutien plus accru à la résistance au Liban, la fourniture au Hezbollah d’armes qui « cassent » l’équilibre de la terreur avec l’ennemi et l’ouverture du front du Golan devant la résistance populaire. Sayed Nasrallah a indiqué que son parti était prêt à recevoir toute sorte d’armes, et à fournir toute aide nécessaire à la résistance populaire dans le Golan.

Concernant le Liban, il a appelé à la formation rapide du gouvernement, à l’entente sur une loi électorale, et a rejeté le vide politique. Sayed Nasrallah a lancé un appel aux familles des pèlerins enlevés en Syrie leur donnant un signe d’optimisme sur la libération de leurs proches.

Voici les idées principales du discours prononcé par le secrétaire général du Hezbollah :

 

 

La radio anNour et les médias de la résistance

 


"Je voudrais saluer au début les frères et les sœurs qui travaillent à la radio anNour et je les remercie pour leurs efforts, leur créativité, leur foi et leur loyauté.

La radio anNour fait partie du système de médias de résistance qui ne cherchent pas une quelconque réputation ou des gains matériels ou moraux. Son premier souci est la sincérité et la fidélité.

Cet engagement est décisif et définitif et fait partie de nos valeurs humaines, éthiques, et religieuses. Nous avons toujours considéré que les médias de la résistance font partie de la résistance, et la radio anNour a déployé de grands efforts pour atteindre ce niveau de réussite…

Les médias de la résistance ont remonté le moral des moudjahidines et ont éveillé la nation… ces derniers ont contribué à défendre l’image humaine et djihadiste de la résistance, et à protéger la dignité du peuple, de la nation et des lieux saints.

Parallèlement, ces médias ont réussi à ébranler le moral de l’ennemi et à jouer le rôle primordial dans la guerre psychologique du mouvement de la résistance. 

Je voudrais évoquer la cause palestinienne au début:

Depuis la mise en place de l'entité sioniste, la lutte des Palestiniens et le rejet de reconnaitre l'existence d'un Etat juif étaient les facteurs essentiels qui ont permis à la cause palestinienne de survivre. Une fois que nous reconnaissons l'identité juive de la Palestine, la cause palestinienne prendra fin. Ce qui se passe actuellement dans la région sert les intérêts de l'ennemi sioniste et notre ennemi sait malheureusement comment profiter des occasions pour imposer de nouvelles équations sur le terrain., que ce soit en Palestine ou en Syrie.

Cet ennemi exploite la faiblesse du régime officiel arabe qui se montre plus que jamais prêt à faire des concessions. Alors que le peuple palestinien s'attendait à la mise en place de régimes arabes plus attachés à leur cause et à leurs droits après les révolutions du printemps arabes,  il a été choqué de voir le contraire. Les images montrant dernièrement des ministres des pays arabes, dont des pays du printemps arabe, autour du chef de la diplomatie américaine, sont déplorables. Par le passé, la destruction de la mosquée d'alAqsa ou le renoncement au droit au retour étaient une ligne rouge. Aujourd'hui, le régime officiel arabe traite la cause palestinienne en tant qu'un fardeau historique et  non plus en tant que cause nationale malheureusement.

 Ceci ouvre la porte à plus de concessions. Même su sujet de la mosquée d’alAqsa, je déplore que certains dirigeants de mouvements islamiques disent dans leurs prêches que leur priorité n’est plus la sainte mosquée d’alAqsa. La priorité est actuellement de débattre des moyens pour s’entretuer. Voyez donc les convictions de ce régime officiel arabe. Le problème que peuvent poser les Arabes est de reconnaitre l’Etat juif d’Israël. La tournée de John Kerry dans la région vise à faire pression sur les Arabes, non seulement sur les Palestiniens, pour les pousser à reconnaitre l’identité juive de la Palestine. Ceci est très dangereux et il faut expliquer à l’opinion publique les répercussions d’une telle reconnaissance. Cette mesure affectera le droit au retour des Palestiniens, l’appartenance d’alQods, et tous les autres aspects de la cause palestinienne. Ces pays arabes ne sont pas prêts malheureusement à aider les affamés en Somalie, ni les déplacés syriens à cause de la guerre dans leur pays, ni les habitants d’alQods expulsés de leurs propriétés. Mais lorsqu’ils reconnaitront l’identité juive de la Palestine, sachez qu’ils seront contraints de payer des indemnisations aux sionistes parce qu’ils ont subi d’importants dégâts au cours des dernières décennies !

Parmi les efforts déployés par l’ennemi figure l’affaire de la judaïsation d’alQods : les colons qui envahissent la sainte esplanade d’alAqsa, l’arrestation pour plusieurs heures du mufti d’alQods. Toutes ces mesures visent à faire de la question palestinienne un développement banal. Un véritable danger menace la sainte mosquée d’alAqsa.

En fin de compte, la solution qui sera imposée divisera la mosquée d’alAqsa en deux parties : l’une pour les musulmans, l’autre pour les juifs.

La question qui se pose concerne surtout le peuple palestinien après 65 ans à l’occupation israélienne : Pourquoi allez-vous miser de nouveau sur ce régime officiel arabe ? Le fait que les responsables politiques ont changé ne signifie pas que la politique adoptée diffère de la politique ancienne. Vous devez choisir la bonne position parce qu’elle déterminera le sort de la Palestine, du Liban, de la Syrie, de la Jordanie. Vous n’avez qu’à miser sur les parties qui vous ont aidé depuis de longues décennies.

Sur ce point, il convient de saluer la position du parlement jordanien qui a décidé d’expulser l’ambassadeur israélien malgré les moments délicats par lesquels passe la région.

Passons maintenant à l’agression israélienne sur la Syrie :

Au début, je voudrais souligner le contexte régional qui a coïncidé avec l’offensive. Les Israéliens avaient de multiples objectifs à travers ce raid. Parmi ces objectifs, exclure la Syrie de l’équation du conflit arabo-israélien et de la faire sortir de l’axe de la résistance.

Tout le monde sait l’ampleur des aides syriennes aux mouvements de la résistance libanaise et palestinienne. Les dirigeants de la résistance palestinienne reconnaissent en coulisses qu’aucun gouvernement arabe ne les a aidés comme l’a fait le régime du président Bachar elAssad. Les Israéliens veulent isoler la résistance au Liban et en Palestine. Ils veulent interdire l’acheminement de toute aide au Hezbollah. Les Israéliens disaient qu’ils empêcheraient le développement des capacités du Hezbollah. Ils ont bombardé Damas pour dire à la Syrie que la poursuite de l’acheminement d’aides à la résistance signifie la chute du régime.

Le véritable objectif sioniste est donc de faire fléchir la Syrie et son peuple, et de l’exclure de l’équation du conflit arabo-israélien.

Normalement, le pouvoir en Syrie devrait œuvrer pour faire échouer les objectifs de l’offensive israélienne, ou encore d’asséner un coup plus dur encore è l’ennemi.

Il y a deux réactions sur l’affaire de l’offensive :

-          Ceux qui aiment la Syrie ont voulu que Damas riposte militairement aux raids sionistes.

-          Ceux qui la détestent aspiraient à un déclenchement des hostilités entre les deux parties, souhaitant la fin de ce régime.

Mais quelle fut la riposte de la Syrie ?

1-      La Syrie a dit qu’elle allait continuer à offrir de l’aide à la résistance, et c’est une importante décision stratégique. La Syrie a même dit qu’elle allait offrir des armes plus sophistiquées aux mouvements de la résistance. Citez le nom d’un autre régime arabe qui accepte d’offrir un simple fusil à cette résistance. Cette décision est en réalité plus importante que la riposte militaire. La Syrie, en pleine guerre internationale, et frappée par plusieurs raids sionistes, campe sur sa position et annonce qu’elle allait fournir d’aides supplémentaires à cette résistance.

2-      La deuxième réponse stratégique fut l’annonce de l’ouverture du front du Golan à la résistance populaire contre Israël. Depuis toujours, certains demandaient à ce que la Syrie ouvre son front face à l’occupation israélienne, au lieu de se contenter de soutenir le Liban dans sa guerre contre Israël. La Syrie est un grand pays ayant ses propres intérêts et ses propres calculs, donc, l’ouverture du front du Golan était une question très compliquée. Mais suite à cette offensive sioniste, la Syrie a su comment transformer la menace en opportunité et a fait la grande annonce sur le Golan. Dorénavant, la résistance populaire sera active en Syrie.

 Quel était l’impact des décisions syriennes ?

Les Israéliens ont été terrifiés par les informations faisant état de l’activation des lance-roquettes qui ont été pointées en direction de l’entité sioniste. Qui parmi les régimes arabes osent prendre des mesures pareilles ?

Nous, au Hezbollah, annonçons être prêts à recevoir toute sorte d’armes pour défendre les lieux saints et nos terres même si ces armes cassaient l’équilibre de la terreur dans la région.

Nous sommes aussi prêts à soutenir matériellement et militairement la résistance populaire dans le Golan.

Quant à la troisième position, laissons-la pour après parce qu’il s’agit d’une décision très grande.

Cette politique syrienne démontre la sagesse et la force de la direction syrienne, surtout à travers sa réaction calme à la frappe israélienne. Le calme, le rationalisme, et la bonne décision sont les facteurs qui ont permis et qui permettront la réalisation des grands objectifs.

A ceux qui veulent restituer aux Palestiniens leurs droits, sachez que seule la résistance est capable de le faire. Au peuple palestinien je dis : Vous ne trouverez personne à vos côtés autre que ceux qui étaient à vos côtés depuis des dizaines d’années.

Ce qui se passe en Syrie est la bataille de la Palestine et d’alQods. Je le dis franchement et clairement. Que les gens honorables dans la région participent à trouver une solution politique pacifique à la crise syrienne. Il est inadmissible que les Etats-Unis se présentent comme étant la partie soucieuse de la paix et de la sécurité en Syrie. Les pays arabo-islamiques sont appelés à trouver une solution avant de recevoir les directives américaines, parce que la poursuite de la bataille ne fera que perdurer l’effusion du sang.

Deux mots sur le Liban :

Nous voulons que le gouvernement se forme le plus rapidement possible, et que les élections se tiennent dans leur délai prévu. De nombreuses parties ont été déçues et surprises face au changement radical de la situation dans la région, contrairement à leurs attentes.

Au sujet du gouvernement, nous nous sommes comportés positivement avec le gouvernement du Premier ministre Najib Mikati, contrairement à la position des forces du 14 mars. Pendant deux ans, ils ont mené toute une campagne politique pour entraver l’action du gouvernement. Ils n’ont pas la chance à Mikati de travailler normalement.

Le gouvernement a démissionné, les forces du 14 mars ont nommé Tammam Salam et nous avons accepté cette nomination.

Si ce gouvernement sera un gouvernement pour les élections seulement, quelle est donc l’importance des quotas ? La loi et les élections n’expriment pas la véritable représentativité des partis politiques dans le pays.

Donc, prenez en considération la représentativité parlementaire. Nous voulons un gouvernement d’intérêt national surtout en ces circonstances.

L’intérêt national est de former un gouvernement de partenariat réel pour assumer ensemble les responsabilités du pays.

Concernant la loi électorale, le chef du parlement a convoqué à la séance parlementaire le 15 mai pour débattre de la loi électorale.

Nous allons voter en faveur de la loi orthodoxe et nous le disons en toute franchise.

Si le Parlement ne vote pas la loi orthodoxe, il n’y aura pas d’alternative dans l’avenir proche. Nous allons débattre d’une alternative, mais tout dépend des résultats de cette séance du 15 mai. Certes, le Hezbollah est opposé au vide politique.

Au sujet des pèlerins enlevés en Syrie, nous avons fait notre devoir, les choses vont bon train et il revient à l’Etat d’assumer ses responsabilités.

Je m’adresse enfin aux habitants du Hermel où s’abattent des roquettes du territoire syrien : Vous payer une partie de la charge que paie la Syrie. Nous œuvrons pour trouver une solution à ce problème".