25-04-2024 10:48 PM Jerusalem Timing

La diabolisation du Hezbollah en Syrie

La diabolisation du Hezbollah en Syrie

Des observateurs estiment que le Hezbollah a perdu sa popularité parmi les Syriens.


En 2006, des milliers de Syriens ont brandi les drapeaux du Hezbollah et les portraits de son secrétaire général Sayed Hassan Nasrallah, en signe du soutien au parti de la résistance face à la guerre israélienne menée contre le Liban.

Aujourd’hui, les observateurs affirment que ce n’est plus le cas. « Le Hezbollah est considéré comme un partenaire impliqué dans le meurtre du peuple syrien », rapporte le correspondant libanais Ali Hachem citant des amis syriens. Selon ces derniers, Sayed Nasrallah « n’est plus le héros légendaire qui a combattu Israël et qui a triomphé. Nombreux sont les Syriens qui ont brulé ses portraits et qui refusent d’entendre ses discours ».

Certes, des groupes takfiris ont joué un rôle majeur pour ternir l’image du Hezbollah. Ceux-ci étaient depuis bien longtemps contrariés de voir un parti « chiite » gagner tout cette popularité dans les rangs de « sunnites ».

On pourrait croire ces propos si le Hezbollah avait adopté une position différente dans le cas des pays menacés d’intervention étrangère. Sur la Libye, dont le régime fut derrière l’enlèvement de l’imam Sayed Moussa Sadr, le Hezbollah a dès le premier jour affiché son opposition à l’intervention occidentale .

Même lors de l’invasion américaine en Irak, où le régime dictatorial de Saddam Hussein a longtemps tué et massacré les chiites, le Hezbollah suggérait des tractations en vue de conclure une entente nationale. Après cet appel, les dirigeants chiites irakiens ont contacté immédiatement la direction du Hezbollah pour protester contre cette invitation au dialogue, et ont accusé Sayed Hassan Nasrallah de prendre à la légère le sang et les sacrifices du peuple irakien.

Malgré cette opposition, le Hezbollah a refusé de soutenir le processus politique dans le pays occupé par les Américains. C’est ainsi que le parti libanais n’a pas manqué à soutenir la résistance irakienne, et à diffuser avec fierté à travers la chaine de télévision alManar les opérations militaires des combattants irakiens menées contre l’occupant américain. De leur côté, les principaux partis politiques chiites irakiens, à l’instar du conseil suprême de la révolution islamique en Irak, du conseil islamique irakien, ou du parti islamique adDawa, ont fustigé le Hezbollah et l’accusé d’agir contre eux.

« Mais personne ne veut se rappeler de l’expérience irakienne précitée parce que tout simplement elle ne sert pas le projet de diabolisation du Hezbollah », estime Hachem dans son article publié dans le quotidien libanais Assafir.

Et d’ajouter : « Alors que les portraits de Sayed Hassan Nasrallah étaient brandis du Maroc jusqu’à l’Indonésie, et dans les mosquées sunnites et chiites à la fois, le Hezbollah s’est transformé avec la crise syrienne en une simple formation confessionnelle, et ses braves combattants sont considérés désormais comme des milices armées qui tuent et qui trafiquent de la drogue » !

Le Hezbollah a-t-il pris la mauvaise position sur la Syrie ?

Certains analystes considèrent que le Hezbollah a même commis un pêché, parce qu’il pouvait tout simplement rester neutre comme l’a fait le Hamas au début de la crise syrienne. D’autres vont plus loin en accusant le Hezbollah de s’être transformé en une cible légitime pour tout nouveau régime en Syrie. 

Mais le Hezbollah avait-il d’autre choix à adopter autre que le soutien au régime syrien ? Comment peut-il refuser de soutenir un allié fidèle qui lui a toujours prêté main forte avant et après la guerre de juillet 2006 ?

Pour le Hezbollah, la boussole est toujours pointée vers la Palestine et c’est ici où réside la priorité de sa politique. Le Hezbollah réalise dès le début du conflit syrien que le sort de la Syrie ne sera autre que le chaos, la fragmentation et la destruction.

Aujourd’hui, la Syrie est devenue une terre brulée sur laquelle des milices de toutes parts s’entretuent.  
Pour le Hezbollah, le conflit n’oppose plus le pouvoir syrien à ses opposants, mais il y implique des parties internationales et mondiales. Pour cette raison, la résistance libanaise devait dès le début déterminer dans quel camp se placer. Sans oublier certes de souligner que tout le conflit en cours en Syrie n’est qu’un prélude à une guerre destructrice contre le Hezbollah.

Bref, le Hezbollah a distingué entre la révolte populaire et le complot international, et pour cette raison il a appelé le régime au dialogue avec l’opposition et aux réformes. Sans oublier également de rappeler les efforts déployés par Sayed Hassan Nasrallah auprès des autorités syriennes pour obtenir la libération d’un groupe d’opposants ou de personnalités de l’opposition !

Mais au sujet de l’action des milices armées, le Hezbollah avait une position différente. Il savait bien que celui qui fait passer des armes en Syrie ne se soucie guère de la liberté et de la dignité du peuple syrien.

Pour lui, les pays qui acheminent des armes et des milices armées en Syrie ne veulent point que la situation se calme dans ce pays, qui fut depuis longtemps le maillon fort de l’axe de la résistance.